Pneus IF et VF : quels sont les avantages de cette technologie ?

Evolution de carcasses dans le pneu agricole

Depuis qu'Harvey Firestone a commencé à équiper les tracteurs de pneus agricoles dans les années 30, les manufacturiers n'ont cessé d'innover. Dans les années 70, les premiers pneus radiaux agricoles voient le jour. Le gain en termes de confort, de souplesse lors du travail au champ et de la circulation sur route est indéniable. Cela permet aussi de suivre la mutation du monde agricole : toujours plus de productivité, sur des parcelles toujours plus grandes avec des engins toujours plus puissants et plus lourds. Et c'est en 2010 qu'on entend parler pour la première fois de pneus basse pression (IF, Improve Flexion et VF Very Improve Flexion). Les pneus basse pression poussent les caractéristiques des pneus radiaux (bande de roulement renforcée et flancs souples) à l'extrême. Voici ci-dessous un exemple représentatif de la structure interne d'un pneu basse pression :

Le système de renfort d'épaule permet à la fois de garantir une certaine rigidité à la structure globale du pneu, mais aussi de préserver la partie basse des flancs, extrêmement souples et vulnérables aux agressions.

Voyons maintenant les avantages que procure cette technologie.

Plus de souplesse pour porter plus

C'est là leur première force : se déformer pour supporter une plus lourde charge tout en préservant leur intégrité structurelle. A pression égale par rapport à un pneu classique, un pneu IF peut supporter +20% de poids en plus et un pneu VF +40% en plus.

Mais on peut aller encore plus loin avec les pneus CFO (Cyclique Field Opération) et CHO (Cyclic Harvesting Operation). Ce sont des appellations pour des pneus IF ou VF qui ont la capacité de supporter ponctuellement et à faible vitesse, des charges encore supérieures (de +55% pour un CFO à +80% pour un CHO). Ces pneus sont parfaitement adaptés aux engins à faible vitesse de travail et aux charges élevées variables comme les moissonneuses ou les récolteuses de betteraves. Ces engins ont une vitesse de travail qui dépasse rarement les 15 km/h et dont les bennes sont remplies et vidées régulièrement sur de courtes distances. Afin d'illustrer le propos, voici un cycle de charge type durant le travail d'une moissonneuse.

Petite note étant donné que nous sommes dans le monde des acronymes. Il ne faut pas confondre les pneus CFO et CHO avec les pneus NRO. Un pneu NRO (Narrow Rim Option) à la capacité d'être monté sur une jante plus étroite que sa largeur initiale, mais il n'est pas basse pression pour autant.

Basse pression pour la préservation des sols

Voici la 2ème caractéristique impressionnante des pneus basse pression. Contrairement à ce qu'on peut penser au premier abord, ce n'est pas vraiment le poids du véhicule qui appuie sur le sol, mais plutôt la pression interne du pneu qui tente de résister à ce poids. Donc avec des pneus basse pression, il y a moins de pression transmise au sol. De plus, grâce à la forte capacité de déformation du pneu, cette pression est répartie sur une plus grade surface, et impacte moins le terrain. Cela réduit fortement l'ornièrage, augmentant votre productivité. La plus grande surface de contact augmente aussi les capacités de traction réduisant le patinage ainsi que la consommation de carburant.

Polyvalence et gain de temps

Pour tirer le plein potentiel des pneus agricoles standards, il est nécessaire d'adapter leur pression suivant l'activité à effectuer. Diminuer la pression pour le travail aux champs afin de réduire le patinage et de maximiser la capacité de traction. Et l'augmenter pour circuler sur route pour éviter de détériorer la carcasse du pneu en roulant en sous-gonflage, et aussi réduire la résistance au roulement et du même coup, la consommation de carburant. Mais adapter la pression demande du temps et du matériel (compresseur ou système de télégonflage). Bien souvent, et pour ne pas perdre ce précieux temps, une sorte de "pression médiane" est adoptée. Ce qui est une fausse bonne idée, car la pression ne sera finalement jamais vraiment adaptée au travail à effectuer. 

Ce qui nous amène au dernier "super pouvoir" des pneus basse pression. Ils sont spécialement conçus pour s'affranchir de ces ajustements de pression et peuvent passer du champ à la route (et inversement) sans modification. Une seule pression pour toutes les activités ! Cette polyvalence est assurément, un gain de temps et d'argent. Pour gagner plus de temps encore, certains pneus sont même homologués pour rouler sur route à près de 70 km/h.

Pneus basse pression pour quel usage ?

Les pneus basse pression font merveille sur les tracteurs lourds ou de forte puissance, ils permettent d'exploiter toute leur capacité de traction. Ils supportent de plus lourdes charges, donc des outils portés ou tractés plus importants. Les grands trajets sur route ne les rebutent pas, ils sont donc plutôt destiné aux grandes exploitations. Il est aussi à noter qu'ils peuvent s'avérer être une très intéressante alternative au jumelage (surtout en termes de gabarit sur la route).

Quoi qu'il en soit, équiper un tracteur de cours de ce type de pneus serait une dépense totalement inutile.

Inconvénients et avantages

Et oui une dépense, car évidemment tout se paye. Les pneus basse pression sont évidemment plus chers que des pneus standards, +30% en moyenne (une "paille" comme on dit dans le métier). Ce à quoi il faudra sans doute aussi ajouter des jantes adaptées aux fortes tractions (voir notre article sur les jantes agricoles). Mais au regard des avantages cités plus haut (gain de temps, de productivité et économie de carburant), si votre exploitation (et votre tracteur) le supporte, l'usage de pneus base pression est peut-être à envisager.

Terminons par une petite mise en garde !

Panacher pneus classiques et pneus basse pression sur un même engin serait une très mauvaise idée. Outre le fait d'annuler les divers avantages cités plus haut, la différence de souplesse et de comportement entre les 2 trains pourrai provoquer un déséquilibre, une perte de contrôle, voire le retournement du tracteur. A éviter donc !